Le FN ne s’est pas banalisé, VOUS l’avez banalisé !

Je ne les supporte plus ! Les injonctions des uns, les accusations des autres, je ne les supporte plus. Les réseaux sociaux sont devenus des tribunaux, où on met à l’index toute personne qui sort du rang, qui utilise une grille d’analyse différente ou refuse d’adopter un mode de pensée binaire. Le simple fait de raisonner, de se poser des questions, de douter, est devenu suspect. On nous somme de rentrer dans le rang, nous affirmant même parfois qu’il n’y a pas à réfléchir face au Front national. Pas à réfléchir ? Et si justement, on prenait pour une fois le temps de la réflexion.

Balayons d’un revers de main les ambiguïtés que certains impudents pourraient voir poindre. Pas une voix ne doit aller au FN ! Ce parti représente tout ce qu’il a de plus abject et ne doit en aucun cas se retrouver en responsabilité. Mais battre le Front national dans les urnes est une chose, l’anéantir dans les consciences en est une autre. Qu’a-t-on appris de 2002 ? Visiblement pas grand-chose. Quinze ans de recul de la protection sociale, de destruction du code du travail, de fermeture des services publics, d’abandon des zones rurales et des banlieues, voilà le programme qui a mené le FN au second tour.

Et qui sont les artisans de cet échec ? Ceux-là même qui aujourd’hui donnent des leçons à la terre entière ! Leur opposition au Front national est tout ce qu’il y a de plus opportuniste. Ils appellent en chœur au « front républicain », alors même que les politiques qu’ils ont menées lorsqu’ils étaient en responsabilité sont la source de la percée de l’extrême droite dans notre pays. Et que nous proposent-ils pour demain ? Les mêmes recettes ! Celles qui nous mèneront au même résultat en 2022. On nous demande d’oublier la loi El Khomri, d’oublier la mort d’Adama Traoré, d’oublier la répression syndicale, d’oublier les multiples utilisations du 49.3, rien que ça ! Certains rétorquent même parfois que ce n’est pas le sujet. Mais quand alors cela sera-t-il le sujet ?

On nous dit que le FN s’est banalisé. Non, vous l’avez banalisé ! Qui a fait de Philippot le roi des matinales ? Qui a dernièrement fait de Le Pen une candidate comme les autres en l’invitant à une cérémonie d’hommage républicain ? Qui lui a taillé le costume sur-mesure de l’opposante au système ? Et ça donne ensuite des consignes de vote et demande à chacun de venir gentiment et calmement se ranger dans le « front républicain ».

Ceux qui voulaient vraiment battre le FN auraient été bien plus inspirés de se mobiliser plus tôt et plus efficacement. Je pense notamment aux frondeurs socialistes, qui finalement n’auront pas permis la censure la loi El Khomri mais auront favorisé celle de la gauche au deuxième tour des élections présidentielles. Je pense aussi à certains « camarades » qui ont mis près d’un an pour se mettre à « faire campagne » et n’ont pas eu besoin de réfléchir plus de cinq minutes pour appeler à voter Macron.

Et voilà qu’aujourd’hui, ceux qui ont tout fait pour battre le FN et parvenir à conquérir le pouvoir, sont pointés du doigt, méprisés, accusés de faire le jeu de Le Pen parce qu’ils ont décidé de procéder autrement, de ne pas se mélanger aux dégoûtants. Aucun électeur n’a de consigne à recevoir de qui que ce soit ! Là est toute la démarche de la France insoumise. On ne peut pas un jour reprocher à Jean-Luc Mélenchon d’être un dictateur et le lendemain lui reprocher de consulter les 450 000 insoumis et insoumises qui ont porté sa candidature.

Chacun ira voter dimanche 7 mai en son âme et conscience. N’en déplaise à certains, le vote Macron, comme le vote blanc ou l’abstention sont pour moi des choix tout aussi respectables dans la situation actuelle. Je comprends les arguments des uns comme des autres et me garderai bien de juger ceux qui auront fait un choix différent du mien. Il est clair, que pas une voix ne doit aller au FN. Le Pen doit être défaite le 7 mai et Macron déligitimé.