« Tous pourris ». Voilà le sentiment que semblent ressentir de plus en plus de français envers leurs représentants politiques. Le taux d’abstention record lors des deux tours de l’élection législative en est l’illustration. Cette résignation citoyenne, qui touche notamment les milieux populaires, vient biaiser les résultats des scrutins électoraux. Pourtant, il existe encore dans notre classe politique des hommes et des femmes qui n’ont comme unique ambition que de se battre pour l’intérêt commun. C’est en effet ce que nous a démontré le combat de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont. Motivé par une volonté acharnée à vouloir opposer au discours du Front national des valeurs humaines et fraternelles, plutôt que par l’appât du gain, il a prouvé que la notion de courage pouvait encore s’appliquer en politique.
Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, le soir du premier tour des législatives (Denis Charlet/AFP)
Hénin-Beaumont, un choix courageux
Dans son discours à la jeunesse que prononça Jean Jaurès, le 30 juillet 1903 à Albi, l’historique député socialiste du Tarn définit ainsi le courage: « le courage (…) c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense (…) ». Ce message résonne encore aujourd’hui en chacun d’entre nous grâce au combat mené par Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont. En effet, à l’inverse de nombreux candidats, il n’a pas choisi la facilité en se présentant dans cette circonscription. Il aurait pu, comme Cécile Duflot ou d’autres, prendre le chemin de l’Assemblée en s’installant tranquillement dans une circonscription avantageuse où la victoire était toute acquise. Mais il choisi, lui, de prendre le chemin de l’honneur.
Dans ce combat difficile Jean-Luc Mélenchon n’a pas démérité
Dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, le candidat du Front de gauche devait non seulement faire face au Front national mais aussi au Parti socialiste. Du coté de la droite, l’UMP n’a pas souhaité présenter de candidat face à Marine Le Pen (le parti de Jean-François Copé soutenait en effet, le candidat Modem Jean Ubraniak). Celle-ci avait donc le champ libre. Une situation qui montre bien par ailleurs, la porosité des frontières entre ces deux formations. Du coté de la gauche il a fallut faire face à la machine socialiste. En effet, comme partout en France, le parti de la nouvelle majorité présidentielle n’a pas souhaité d’accords avec le Front de gauche afin d’éloigner le risque d’une victoire du Front national. Il faut rajouter à cela le souhait inavoué du PS de ne pas voir le co-président du Parti de gauche élu à l’Assemblée nationale. C’est ainsi que le machine socialiste c’est mise en marche avec les venues notamment de la Première secrétaire, Martine Aubry et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour soutenir Philippe Kemel contre Jean-Luc Mélenchon plutôt que contre Marine Le Pen.
Pris en étau, le candidat du Front de gauche a donc mené le combat des valeurs seul. Les résultats du premier tour ont certes été cruels mais ils ont aussi montré que son combat n’était pas vain. « En gagnant 1000 voix et 8 points par rapport à mon score de la présidentielle, j’estime avoir contribué à améliorer le rapport de force. Mais j’ai noté qu’en perdant 8000 voix, les socialistes ont mis en danger le résultat final » voilà comment Jean-Luc Mélenchon analysait les résultats au lendemain du scrutin.
Le choix des valeurs humaines et républicaines
Le co-président du Parti de gauche a donc pris le risque de ne pas être élu pour pouvoir mener le combat des valeurs face au Front national. Qui peut aujourd’hui se targuer d’un tel courage dans notre classe politique ? Il est primordial que le discours xénophobe et antirépublicain du parti de Marine Le Pen, banalisé par les médias mais aussi et surtout par l’UMP, soit combattu frontalement. Le progrès humain, le partage ou encore la solidarité, voilà ce que proposait le Front de gauche à travers son programme L’humain d’abord. Ces valeurs seront à jamais les meilleures armes pour lutter contre la haine, l’injustice et le mensonge. Certes, Jean-Luc Mélenchon et ses alliés ont bien d’autres combats à mener, mais celui-ci ne peut être abandonné.
Au lendemain du second tour, ces élections législatives laissent un goût amer à tous ceux qui ont cru en la victoire. On regrette déjà l’absence d’un leader médiatique et populaire pour le Front de gauche à l’Assemblée. L’heure est au bilan, il faudra certainement tirer des leçons de cette campagne et revenir sur la tactique adoptée. Jean-Luc Mélenchon ressort cependant de ce combat l’honneur sauf en ayant démontré que l’on peut faire de la politique sans avoir pour unique ambition l’élection. Pour conclure, c’est une nouvelle fois Jean Jaurès qui mérite d’être cité : « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir » (Discours à la jeunesse, Albi, 1903).
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